On Kawara
Personne ne se décide. Alors je commence ;
On Kawara est né le 24 décembre 1932, ce qui n’est pas anecdotique, à Kariya au Japon. Il est connu comme un autodidacte. Il quitte le japon en 1959, auparavant il y peignait et y dessinait de manière plus figurative. A partir de 1966 il propose des solutions conceptuelles à propos du temps et du lieu (voir plus loin.) Il vit actuellement à New York.
Il est important de pointer le fait qu’il n’opère pas de dissociation entre son œuvre et sa vie. Il passe pour être un personnage énigmatique que l’on voit peu et qui ne se dévoile au public que par l’intermédiaire de son œuvre.
Il est connu en premier lieu pour ses « date Painting » : Elles ont commencé le 4 janvier 1966. Elles se composent simplement de la date de réalisation peinte à la main sur un « fond » uniforme. Depuis, seuls la couleur (elles restent cependant monochromes) et le format de ces toiles peuvent varier. ( elles sont désignées également sous le titre « Today serie ») Cette série, la plus importante de sa vie, se démarque de l’art conceptuel dans lequel on la classe par trop souvent par le fait que les toiles sont peintes par l’artiste lui-même avec un choix spécifique dans la couleur, et dans le format. Ces peintures semblent décrire un temps désincarné et sans histoire.
Mais on butte sur le fait historique de manière récurrente dans les « date painting » puisque l’artiste enferme la peinture dans une boîte en carton et y adjoint une coupure de journal daté du jour de réalisation, récupérée dans le pays où il se trouvait alors, ce qui est important à mon sens. Mais cette histoire est enfermée dans une boîte (ceci est fort symboliquement) avec une date neutre, avec un temps non pas historique mais mécanique. Il semble que le format et la couleur ne soient pas là pour inclure une quelconque hiérarchie dans les date paintings.
Il annote ses Date Paintings à l’aide d’un calendrier annuel qui indique date et dimension de ces « Date Paintings » ainsi qu’un journal annoté dans la langue du pays où il a passé le premier jour de l’année, avec des photographies du lieu d’éxécution.
Est-ce un récit, un répertoire de ses date paintings ? En tout cas on voit l’importance non seulement du temps mais aussi du lieu et tout ce qui s’y rapporte (langue, conventions, culure).
Le reste de ses séries se situe dans cette lignée, il semble vouloir délivrer une biographie de lui aussi sobre et précise que possible. Il a réalisé des cartes postales, des télégrammes respectant les normes et conventions du pays dans lequel il se trouve, et qui indiquent des annotations comme « I got up at… », « I’m still alive » qu’il envoie à des relations mêmes vagues. On peut cependant dire que, vu l’absence d’événements notables ou extraordinaires, cette « biographie » acquiert une valeur d’universalité.
Il est aussi connu aussi pour les livres « One million years past » (1972) et « one million years future »(1982-1995), qui égrènent un million d’années à raison de 500 années par page, sur 4000 pages. Il semble vouloir témoigner de toute l’histoire de l’humanité, cependant il est très important de rappeler que, l’artiste étant Japonais, il est ancré dans une conception du temps cyclique, à l’inverse de notre conception du temps (avec un début, une apogée et une fin.) C’est sans doute le sens de ces deux livres décrivant une durée égale et pouvant sans doute couvrir toute l’histoire de l’humanité sans la cloisonner (un million d’années est aussi une unité ce qui signifie qu’elle peut être suivie d’une autre, d’autres, et précédée pareillement d’une autre.) Les dates décrites sont toutes égales aux autres, sans distinction ni hiérarchie. Le premier livre est dédié à « tous ceux qui vécurent et qui sont morts » , et le second est dédié « au dernier »[être humain ?].
Dans le premier recueil, l’histoire de l’humanité n’occupe que les dix dernières pages.
Son travail ne semble pas avoir beaucoup évolué depuis.
Cependant, il a édité il y a plus de dix ans (1995) une série de portraits au crayon réalisés entre 1955-1956, quand il était encore au Japon, et qui expriment l’horreur nucléaire et les malformations engendrées par elle. Il a mit en œuvre des procédés techniques « de reproduction mécanique » dont on sait qu’il y porte un certain intérêt ; il a un terme pour cela qui est la « peinture imprimée ».
Il y a eu une importante rétrospective sur On Kawara en 1997 à l’IAC de Villeurbanne. Cette exposition présentait, en plus d’œuvres plus connues, les œuvres qui ont marqué le passage entre le travail qu’il faisait au japon et ce qui est advenu de son œuvre au contact de l’occident. Une œuvre intitulée « Title (Viêt-Nam) » et datée de 1965 se présente sous la forme d’un triptyque qui rattache trois peintures monochromes rouges qui évoquent une chose (« one thing ») une date (1965) et un lieu (Vietnam). Une autre œuvre appartenait à J. Kosuth, s’appelait « Location » et consistait en des données géographiques (31°25 latitude Nord et 8°41 de longitude Est.)
(Utilisé le site www.conceptual-art.net)
(utilisé l’article Wikipédia sur On Kawara)
(utilisé la fiche On Kawara sur le site du Mamco Genève www.mamco.ch)
(utilisé un article daté de 1997 et réalisé par Ghislain Mollet-Viéville pour la revue Art Press)
(utilisé le livre « Les images quotidiennes du pouvoir- On Kawara au jour le jour. » René Denizot